Alice et Lewis Caroll,Procedure Hallucinatoire ou un AIWS

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Alice au Pays des Merveilles,de Lewis Caroll(1832-1892)de vrai nom Charles Lutiwige Dogson.

29 Septembre 2015

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Alice a eu un énorme succès dès sa parution(1862),et naturellement le texte de type hallucinatoire comme certaines bandes dessinées actuelles ou copie-conformes de films dits pour enfants,fait partie intégrante de notre imaginaire actuel,imaginaire décrypté par Artaud ou Lacan,mêlant inconscient(l’inconscient n’est que langage),surréalisme.Mais peux-t-on effacer l’imaginaire d’un enfant et  le traduire ou réduire simplement  comme l’expression d’une pathologie AIWS,Alice In Wonderland Syndrôme,ou assimiler l’oeuvre poétique de Caroll Lewis à une partie hallucinée de fumette?C’est extrêmement simpliste et réducteur.

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Pourtant on peut pas nier l’imaginaire d’un enfant,Alice à 10 ans”Par bonheur,la petite bouteille magique avait accompli son effet,Alice cessa de grandir” et “Maintenant Pat,dis-moi,qu’est-ce qu’il ya dans la fenètre,regarde!”Pour sûr,vot’Honneur,c’est un bras-“Il prononçait “brraa,”Un bras,espèce d’oie!A-ton jamais vu un bras de cette taille?Il remplit toute la fenètre”(traduction de André Bay)

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Lewis Caroll est un esthète pour l’époque,pasteur anglican,logicien;mathématicien,poète et photographe pour la gentry jusqu’en 1880.Bien que dillétante ;on le dit même paresseux,son oeuvre est considérable.Seul reproche ,il était amoureux ou attiré par des jeunes filles de 7 à 8 ans,filles des ses amis proches.On lui a reproché et accusé de pédophilie ce que les enquêtes et nombreuses bibliographies n’ont jamais révellés et accusations réfutées.

Si on se réfère à Lacan(04/07/1965) ou Artaud(1976),on se retrouve dans un concept d’un inconscient parlé,de lapsus,de successions de contreprétries sans valeur ,semble-t-il associative.D’ailleurs ,Alice agée de 10 ans,le dit bien(traduction de André Bay):”par bonheur pour Alice,la petie bouteille magique avait accompli son effet,Alice cessa de grandir” ,concept que l’on retrouve dans Peter Pan,de l’enfant qui ne veut pas grandir.Pour ces auteurs, nous sommes face à une symbolique,d’un texte sans intringue,ne faisant appel à aucune résonnance de signification approfondie.On parle même d’une oeuvre,d’un lieu élu oû il faut démontrer la sublimation de cette oeuvre.Chantefables-29 [800x600]

Mais en fin de compte peut-ton tenir compte d’une simple vision psychanalytique , reprise  par Deleuze d’Alice aux Pays des Merveilles”?La suite de Lewis Caroll de 1872 “A travers le miroir”, permet de jeter un trouble,et de modifier et prolonger le débat,traduisant ,bizarreries, affabulations ou une farce oû se bousculent les mots et leurs significations.Ce que les traductions rendent difficiles à exprimer.D’après Parisot qui évoque des mots-valises ou pour Artaud anti-grammatical.

*”Il était revereneure,les slictueux toves

*Sur l’allouide gyraient et vriblaient

*Tout flivoveux vaggarent les borogoves

*les vergons fourgus bourniflaient”

Une des Traductions  de JABBER WOCKY:

“*Twas brilling and Stlithy toves

*Did gyre and gimble in the wabe

*All mimsy were the borogovs

*And the mome raths out grave”

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Le statut d’Alice a changé,de pion elle est devenue Reine,mais elle joue avec le non-sens,un monde inversé,pour courir vite,il faut faire du sur place.Ce changement est radical et compliqué par un pseudo- jargonnisme ,un langage construit que  le rêve peut exprimer,le mythe du sur place est connu,est une réminiscence de difficultées journalières avérées,l’impossibilité d’agir,comme des poursuites sans issues,ou une libération en volant sans fin au-dessus des nuages et de la terre.

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Il s’est donc passé quelque chose,et si la pathologie AIWS de Lewis Caroll était une réalité  ou une véritable fiction ou l’expression d’un simple migraineux qui pour son oeuvre faisait appel à des drogues hallucinatoires comme  certains le supposent?

 

L’AIWS:ALICE IN THE WONDERLAND SYNDROME
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Le patient voit apparaitre des objets ou certaines parties du corps plus petites ou plus grandes,plus proches ou plus distantes.Durant l’enfance,ces symptômes se manifestent à l’approche du sommeil . A l’age adulte,ces signes peuvent être précédés de migraines,crises d’éplepsie,témoins de tumeurs cérébrales ou la conséquence de prises de psychotropes.Il n’est décrit que des migraines chez Lewis Caroll et les apparitions d’objets bizarres ne sont pas notés.

Le traitement classique de l’AIWS est:Calmants ou Antidéprésseurs, ou Béta-blocant ou Inhibiteur calcique.

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1)Crises d’EPILEPSIE

Les enquètes n’ont pas révélées chez Lewis Caroll de crise d’épilepsies,mais on peut toujours supposer librement qu’une crise temporale peut passer inaperçue.

2)PRISE d’HALLUCINATOIRE TYPE LSD

La découverte du LSD n’est pas contemporaine de Lewis Caroll.Il sera testé en Europe au 20 ème siècle,étude princeps de Rouhier(1926).

L’utilisation des champignons hallucinogènes de type muscarinique a été même évoquée,sur la base ancestrale de l’ usage ordalique de type shamanique de champignon,au demeurant dangereux,bien évoqué par Henri Michaux(Misérable Miracle) solution tout à fait irrecevable.

3)CAROLL LEWIS était surtout MIGRAINEUX

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Deux drogues  antalgiques étaient disponibles à cette époque :LAUDANUM ET HASCHICH

*a)HASCHISCH

-Son usage  par Lewis Caroll semble acquis,suivant les préceptes de “la scientifique moelle “de Moreau de Tours,rejoignant ,de Quincey , Beaudelaire(conférences de Bruxelles) et bien d’autres.

*b)OPIUM (Laudanum)

-Caroll Lewis fait chorus alors Coleridge (celui-çi écrit Kaba Khan manifestement sous l’effet de l’opium).Mais le laudanum peut-il induire une création de type hallucinatoire?

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Ainsl,il est légitime,de conclure que Lewis Caroll,migraineux ,se traitait par un de ces deux produits

et de déterminer si les effets de ces produits pouvaitent induire une littérature de type hallucinatoire

dont Alice aux Pays des Merveilles?Ou si tout simplement , traitait-il une migraine et que son génie lui permettait d’écrire sans drogue hallucinatoire,le génie de création ne changeant pas de nature même sous l’effet de drogue( “L’Imaginaire des Drogues de Milner).S’il est légitime de prévoir des dérives psychiatriques avec le cannabis,elle ne change rien au génie  de Caroll Lewis .S’il faut être plus clair,selon Bessis,l’intuition créatrice mathématique , c’est comme une transe .En se référant à Milner(2000)qui considère que les drogues n’ajoutent rien au génie créateur) et à l’article  sur David Bessis,poète,écrivain et mathématicien,on est surpris par les émotions et la griserie de la découverte teintée d’un haut degré d’incommunicabilité.Bessis dit”A l’inverse,soudain,comprendre procure le même plaisir que lorsqu’on prend conscience qu’on parle  librement dans une langue étrangère:être à l’aise dans un monde qui était à l’instant d’avant inacessible est extraordinaire” et il dit rejoignant Caroll Lewis” Les nombres ne m’ont jamais attiré alors que les formes et structures me plaisent beaucoup “et dans le quotidien”entre autre,dans ma manière de regarder la nature,j’ai une empathie très forte pour les formes.Quand je me promène sur une plage,je comprends très bien les lignes des crêtes des dunes,ou les végétaux dans une forêt” c’est plutôt une faculté de changer mon angle de vue”

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Interview par Anne Diatkine:David BESSIS;”Fors intérieurs;rendez-vous avec des mathématiciens;Ed.Leo Sheer.Libération du 21-22 /01/2012

Le Laudanum.

Préparation faite par Sydenham dès 1660

Caroll Lewis rejoint donc ,par les témoignages,avec l’usage du laudanum, Dickens ou Poe,mais son caractère sédatif et de dépendance ,engage l’utilisateur à récidiver,souvent récidive liée à l’alcoolisme comme le fit Beaudelaire.Il entraine une euphorie à court terme et est antalgique.Psychologiquement;bien qu’utilisable à l’époque pour la migraine,on peut considérer que l’usage du Laudanum n’intervient en rien dans le processus hallucinatoire et la création littéraire.

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Le Cannabis

Il atteint les fonctions cognitives,peut agir sur les lobes frontaux,donc action sur les fonctions de  projections, d’ anticipations,mise en mémoire et rappel,pensées,raisonnement,coordination motrice et musculaire.La dépendance est psychologique .Le Cannabis peut provoquer un syndrôme dit amotival qui a été décrit par le Pr Delay.

Surtout le THC du Cannabis peut entrainer confusions,absences,délires,hallucinations,agitations ou hypotonie.Enfin de compte,seul le cannabis utilisé comme antimigraineux pourrait en partie expliquer certains passages s’apparentant hors temps ou border-line.

Comment peut-on  expliquer la devinette du chapelier de Lewis Caroll:”C’est qu’un bureau et un corbeau peuvent produire quelques notes,bien que très quelconques,et que jamais leur derrière n’est devant”.Et Alice dit à la Chenille(qui retire le calumet de sa bouche) et demanda d’une voix languissante et ensommeillée”Qui êtes-Vous?”Je..je ne sais pas trop madame….””Je ne peux pas m’expliquer moi-même,voyez-vous dit Alice,parce que je  ne suis pas moi-même”.Donc un certain état d’incertitude,manque de projection personnelle ou état confusionnel ,de type amotival syndrôme ( effet du cannabis )ou tout simplement  une incommunicabilité,ce que Lacan traduirait par inconscient non exprimé.

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Conclusions

Enfin de compte Caroll Lewis n’est pas un AIWS,mais un migraineux usager de Cannabis,dont il ne doit rien à son génie créateur.L’usage occasionnel du Laudanum peut expliquer ses troubles de l’élocution et la dégradation tardive de son état sur le plan pulmonaire.

Mais Caroll Lewis et Alice s’adresse à des enfants  qui,dans l’herbe,un jour d’été,  rêvent et voient passer ce lapin blanc qui regarde sa montre et s’écrie”Je vais être en retard”.Sa littérature demeure un morceau d’anthologie et nous aimons à nous rassurer que malgré ses faiblesses,Caroll Lewis demeure un créateur,un dadaïste avant l’heure qui fait parler

son inconscient et nous le communique.

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Mise au point en mai 2014

Olvier Sacks  dans Odeur du SI Bemol”L’univers des Hallucination”Seuil Fev 2014,décrit chez Lewis Caroll des phénomènes de migraines classiques avec hallucinations visuelles et un chercheur Caro.W.Lipman suggérent des expériences migraineuses qui pourraient lui avoir inspiré les étranges illusions dimensionnelles et formelles.Siri Hutstvedt décrit des syndrômes ascendants.Il n’est pas sûr que Lewis Caroll ne  se soit pas livré à des expériences hallucinatoires induites par le cannabis et morphine,comme se fut la mode aux USA en Californie entre 1960 et 1970.Ce qui est certain c’est que ces perceptions sont souvent éronnées ,non conformes à la  réalité,sons amplifiés ou déformés,formes souvent géométriques,projection du corps grand ou petit ou avec membre atrophié ou gigantesque,des suites de mots,langue étrangère et phrases sans suite logique peuvent apparaitrent,des musiciens entendent des partitions intranscriptibles voire des portées musicales élaborées mais indescriptibles,voire des chefs d’orchestres qui durant la direction d’un orchestre perçoivent des hallucinations musicales sans rapport avec la partition suivie.Il apparait que les phénomènes de stress intense ,privations de d’émotions sensorielles,phénomènes d’action monotone (conducteur ou pilote) ou expérience solitaire diificile dans des conditions extrêmes,navigation,traversée  de grand espace mer,glace,désert font apparaitre des hallucinations visuelles.

Il apparait dans tous les cas un problème à résoudre:les mots prononcés ou entendus par Alice s’apparente à un jargonisme indescriptible dont l’élément dominant est son caractère hallucinatoire.il n’est pas sûr que ces bizzareries littéraires purement hallucinatoires,soient  des “mots-valise ” ou “anti-grammatical”  telles que l’on decrit  Artaud,Deleuze,Parisot.Affaire donc à reprendre en terme neurologique.

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